La Revue du Cinéma

Un western bienveillant?

 

TRUE GRIT - Joël et Ethan Cohen - Usa - 2010

     Un petit billet, en passant, sur un film qui n'en finit pas de m'interroger.
     Le dernier film des frères Cohen est, comme à l'accoutumé, un très grand moment de Cinéma. Virtuose, brillant de par sa facture, sa mise en scène, son scénario et son montage. Les comédiens égalements sont éblouissants, Jeff Bridges en tête dans un rôle qui n'est pas sans rappeler le Dude d'il y a quinze ans.
     Sombre, drôle, violent, le film ne laisse pas indifférent, tant sur le plan dramatique que métafilmique. Le final (que je ne révelerais pas popur taire mes mauvaises habitudes) laisse tout de même de grandes interrogations en suspension. Etait-ce un western? Une comédie? Un drame? Un peu tout ça à la fois?

     Deux éléments ont et continuent d'attirer mon attention, longtemps après la vision du film.
1 - Dès le générique, un producteur un peu particuliers se fait connaître: Steven Spielberg. Aussi loin que remonte ma mémoire, je ne me souviens pas d'une telle association! Cela se révèle à la fois dans le sujet (un enfant est le porte parole du film, à l'inverse du viellard Tommy Lee Jones pour No Country For Old Men) mais aussi dans la distrubution du film en salle (le film est, à l'heure actuel, un véritable carton outre atlantique, dépassant toutes les autres grosses productions américaines, restant en tête du box-office trois semaine durant, rentabilisant le métrage dès la première semaine et devenant à ce jour le film le plus rentable des frangins Cohen). Pourtant violent et innjurieux, le film à bénificier d'un incroyable PG-13, c'est à dire ouvert aux adolescents de tout le continent américain. Autant dire: un exploit de producteur. C'est aussi un sujet délicat (une histoire de revenge, avec une enfant armée face à un parricide) qui n'est pas pour plaire au plus grand nombre là-bas. Impossible, donc, d'expliquer les raisons d'un tel succès; les interprêtes eux-même ne justifiant pas un tel engouement, quand on compare les résultats d'un précédent films des frères Cohen tel que Burn After Reading et son casting 10 étoiles (Brad Pitt, George Clooney, Malkovitch...).  Les aficionados du Dude Leboswky sont nombreux, mais pas au point de justifier un tel résultat au simple nom de Jeff Bridges sur l'affiche (il le mérite pourtant amplement!).

 

2 - Le film est d'une parfaite linéarité pendant près de deux heures, avant d''éclater son dénouement et de le différer dans une ellipse digne de la Prisonnière du Désert. La relecture du mythique film de John Ford marche pendant un temps, mais dans une proposition inversée: ce n'est pas l'adulte qui veut venger l'enfant, mais l'enfant qui cherche à se faire justice auprès des adultes. Cette parfaite linéarité du récit met le parrèle entre les deux films entre parathèse pendant la quasi totalité du métrage, avant de faire ressurgir l'éclatement spatial et temporel du récit sur la toute fin du film, réactivant briévement la comparaison entre The Searchers et True Grit. A quoi cela peut il mener? Pas grand chose, et j'avoue avoir encore de la peine à exploiter cette étude comparer où à trouver de quelquonque racine chez Lang, Hawks ou encore d'autres Ford.

     Pour finir, j'ai comme le sentiment qu'il faut aller chercher ses points de répère dans d'autres cinématographies, la caractérisation de certain personnage me rappelant davantage les films de sabre de Kurosawa ou les Chambaras de Chang Che. En témoigne, par exemple, le "n'a qu'un oeil de" Bridges qui, une fois saoul, ne voit donc pas double et vise juste. Ou la relation qui lie le Marchal et le Texas Rangers, tour à tour pour affaire, pour rancoeur, par enfantillage, etc... L'un des deux ne tardant pas à manger la terre, les dents de devant en premier: un comble pour celui qui parle beaucoup mais démontre peu.
     De nombreuses séquences sont à commenter (toutes en fait) et, bien que n'étant pas revenu comme promis sur mon billet concernant le Fincher, la même envie me prend ici de vous donner rendez vous dans un autre billet, le temps de digérer, et d'en faire une étude plus compléte.  
Quant à la traduction littérale du film, "True Grit", on pourrait entendre par là: "force de caractère", "grande volonté" ou "qualité de persevérance". Dans le sens plus familier, "avoir des tripes". On ne sait pas à quel personnage s'applique le plus ce programme, mais la séquence de la traversé de la rivière, à cheval, sous l'oeil bienveillant de Bridges/Cogburn, force l'admiration: on aura rarement vu personnage d'enfant en avoir autant. Un oeil bienveillant qui serait peut être celui de la caméra des frères Cohen. En attendant une suite à leur vibrante filmographie, accordont le notre d'oeil bienveillant à ce nouvel et génial opus.  

 

imdb: www.imdb.com/title/tt1403865

 

site officiel: www.truegritmovie.com/intl/fr

 

trailer:



27/01/2011
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